Le rasoir à 3 lames

Pour nous aider dans nos décisions, on peut compter sur 3 rasoirs célèbres :

  1. Le rasoir d’Occam
  2. Le rasoir de Hickam
  3. Le rasoir de Hanlon

Pourquoi est-ce qu’on les appelle « rasoirs » ? Tout simplement parce que ces modèles mentaux nous permettent de trancher efficacement entre deux hypothèses.

1. Le rasoir d’Occam

Dans sa formulation moderne, le rasoir d’Occam nous recommande de considérer les explications les plus simples en premier. Préférez toujours une hypothèse qui fait appel à des phénomènes connus, compris et explicables, plutôt qu’un scénario qui nécessite des hypothèses nouvelles, vagues, ou tirées par les cheveux.

Cet exemple du blog Curiologie illustre bien ce principe :

Un vase posé près de la fenêtre est tombé dans la cuisine. Rien ne prouve que ce ne soit pas un fantôme qui ait attaqué le vase, à moins que ce ne soit un rayon laser venu d’un vaisseau spatial extra-terrestre… mais l’hypothèse la plus économe reste encore la suivante : le vent, en poussant la fenêtre, a fait tomber le vase !

curiologie.fr

Le chemin de moindre résistance

Le rasoir d’Occam est intéressant parce qu’on peut l’appliquer dans plein de domaines séparés. En physique par exemple, avec le second principe de la thermodynamique, qui nous explique qu’un système isolé tend à minimiser son énergie. Les physiciens peuvent s’appuyer sur ce concept pour expliquer les phénomènes naturels.

Ex : Une balle en haut d’une colline va rouler jusqu’à ce qu’elle atteigne le point où son énergie potentielle sera minimum.

Le principe de parcimonie

En médecine, s’il y a plusieurs explications possibles pour les symptômes d’un patient, choisissez celui qui demande le moins d’hypothèses. Ce principe de parcimonie est un bon modèle pour les docteurs, parce que l’explication la plus simple est souvent préférable pour éviter l’interventionnisme naïf.

Quand vous entendez des bruits de sabot, pensez à des chevaux, pas à des zèbres.

À moins d’être dans la savane.

Simple, mais pas simpliste

L’élégance et la simplicité auront toujours une place de choix, mais souvenons-nous de ces bons mots d’Albert :

Rendez les choses aussi simples que possibles, mais pas simplistes.

Albert Einstein

Mais on ne peut pas s’arrêter là.

Le principe de parcimonie vous donne les hypothèses à tester en premier. Parce que les théories les plus simples sont faciles à vérifier. Les solutions simples sont plus faciles à exécuter.

En itérant plus facilement, vous raccourcissez votre boucle de feedback est plus courte, donc vous apprenez plus vite.

2. Occam vs Hickam

Ce rasoir est plus un dicton qu’un rasoir, mais je suis sûr que ce bon vieux Docteur Hickam ne m’en voudrait pas. Connu pour être très critique avec le rasoir d’Occam, le Doc aimait répéter que les patients peuvent avoir autant de maladies qu’ils veulent.

Selon lui, un patient a plus de probabilité d’avoir plusieurs maladies communes, donc chercher une cause générale sous-jacente peut vous amener à un manque de précision au mieux, un mauvais diagnostic au pire.

Si le rasoir d’Occam est un modèle intéressant dans de nombreux cas, il n’est pas forcément adapté aux systèmes complexes. Face à tant de complexité, on peut être tenté de formuler des théories élégantes et simples. Je suis le premier à vouloir lutter contre la complexité inutile, mais elle est parfois nécessaire. Ce n’est pas pour rien qu’un pan entier de la science y est maintenant consacré.

Le rasoir de Hickam nous rappelle que les problèmes dans les systèmes complexes ont rarement une cause unique. Le corps humain possède 11 systèmes différents, 79 organes, 206 os, et 600 muscles. L’économie mondiale est composée de 8 milliards de gens et 200 millions d’entreprises.

Je vous laisse faire le calcul. C’est un sacré bordel.

3. Le rasoir de Hanlon

Le rasoir de Hanlon n’a aucun rapport avec ses deux compères, mais comme le rasoir d’Occam, c’est un outil utile pour prendre des décisions rapidement. Il nous aide à être moins critique, et nous encourage à  bénéfice du doute.

Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer.

Il nous enseigne à ne pas supposer le pire de la part des autres. Le rasoir de Hanlon nous aide à voir le monde sous une lumière plus positive, de réfréner nos suppositions négatives, et d’améliorer nos relations. C’est un bon moyen d’éviter de succomber à l’erreur d’attribution fondamentale.

Vous en conviendrez, il mérite amplement sa place ici.

Moins on apprécie une organisation ou une personne, plus on a tendance à attribuer ses actions à de la malveillance. Quand un collègue qu’on n’aime pas fait une connerie, réagir avec empathie et compréhension est le cadet de nos soucis. C’est pourtant la bonne solution, la solution mature.

Peu importe votre avis sur la personne, supposez toujours la négligence avant l’incompétence. Ça vous permettra au passage d’atténuer l’effet de halo.


Vous avez aimé cet article ? Vous aimerez aussi les articles suivants :

2 thoughts on “Le rasoir à 3 lames

  1. Très bon article, merci ! Je vais de ce pas en lire quelques autres !

Comments are closed.