L’interventionnisme naïf

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La première question que les gens posent en réunion suite à un problème est la suivante :

« Quel est le plan d’action ? »

L’hypothèse sous-jacente qui n’est jamais remise en question est que vous devez faire quelque chose. On prend très rarement le temps de se demander si les bénéfices liés à telle ou telle action compensent vraiment ses coûts d’implémentation.

Parce que si vous ne faites rien, votre boss aura effectivement l’impression que vous ne faites rien. Il y a une incitation à faire quelque chose même si les coûts associés sont élevés.

Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. (Blaise Pascal)

Ne confondez pas activité et résultats

Rien ne sert de travailler dur sur quelque chose que vous ne devriez pas faire en premier lieu. C’est la différence entre être « busy » et être productif. On veut faire comme si on était occupé, tout le temps en train de faire quelque chose. Et dans un effort pour en faire plus, on finit par en faire moins.

S’il n’est pas nécessaire de décider, alors il est nécessaire de ne pas décider.

Si vous êtes un homme politique, un manager ou un consultant, la norme sociale vous empêche de dire « Je ne sais pas ». On attend de vous que vous ayez une opinion sur tout, tout le temps. On attend de vous que vous fassiez quelque chose, que vous passiez à l’action.

Si vous vous trouvez dans un trou, la meilleure chose à faire est d’arrêter de creuser.

Pensez soustraction plutôt qu’addition. Si ajouter ou soustraire résultent tous les deux par une action, la différence est significative.

Malgré les meilleures intentions, l’addition augmente les risques iatrogènes.

L’interventionnisme en médecine

Hippocrate a créé le premier principe de la médecine moderne : primum non nocere – « d’abord, ne pas nuire ». Ce principe abstentionniste a pour but d’éviter les effets iatrogènes.

À titre d’exemple, prenez la mort de George Washington en 1799. On dispose désormais d’assez de preuves pour démontrer que ses médecins favorisèrent sa mort, ou du moins la précipitèrent à cause du traitement traditionnel de l’époque à base de saignées.

L’interventionnisme en finance

Bien plus d’argent a été perdu par les investisseurs préparant des corrections financières, ou essayant de s’y préparer, que dans les corrections elles-mêmes. (Peter Lynch)

L’interventionnisme naïf peut vous coûter cher. Un plan d’investissement le plus simple possible, qui respecte les principes de base, sera plus profitable à long terme.

Rappelez-vous l’approche des « Vingt cases » de Warren Buffet, où chaque décision poinçonne une des cases, vous obligeant à réfléchir à deux fois avant d’agir.

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Pour intervenir, il nous faut connaître non seulement les bénéfices, mais aussi les effets de second ordre.

Nous devons aussi reconnaître que certains systèmes sont auto-correcteurs. L’interventionnisme naïf oublie que les mécanismes homéostatiques naturels sont suffisants, et penche toujours vers plus d’action – même quand la meilleure chose à faire est justement de ne rien faire.