Personne ne connait Malcolm McLean. Pourtant, il a révolutionné le monde dans lequel on vit. En 1934, Malcolm se paie son premier camion, et commence sa carrière de transporteur, payé charger/décharger des caisses en bois sur des navires. Pendant 20 ans, le process reste le même : vous chargez une caisse, puis la suivante, puis la suivante, etc., jusqu’à ce que le camion soit plein. Ou l’inverse, pour remplir le bateau une fois au port.
Un process lent, fastidieux, et tout sauf standardisé.
En 1956, McLean est une homme d’affaires accompli. Il possède désormais son entreprise de transport, la 5ème plus grosse du pays. Mais en ce début d’année, quelque chose le titille. Après avoir observé ce même process pendant deux décennies, l’idée lui vient à l’esprit :
« Pourquoi ne pas décharger le container entier pour le mettre sur le bateau ? »
Des containers similaires avaient déjà été utilisés pour les trains, jamais ailleurs. Persuadé que cette nouvelle façon de faire améliorerait l’efficacité du process, McLean se lance dans l’aventure. Et le 26 Avril 1956, son premier porte-containers quitte Newark pour Houston avec à son bord, 58 containers et 15.000 tonnes de pétrole.
Avant même que le navire soit entièrement déchargé, il avait déjà reçu une nouvelle commande pour faire le chemin inverse. Jusque-là, charger des caisses en bois une par une sur un navire de taille moyenne coûtait $5,83 par tonne. Avec la méthode McLean, ce coût est tombé à 15 centimes par tonne. Depuis ce jour, le commerce maritime international n’a plus jamais été le même.
Quand tout le monde s’obstinait à charger/décharger les caisses plus rapidement, McLean a pris du recul. Quand tout le monde réfléchissait au niveau local, McLean réfléchissait au niveau global.
Local vs Global
Le « début du fou » (e4 puis c5) est une technique d’ouverture classique aux échecs. Ça a beau être un bon coup, vous pouvez tomber sur un adversaire qui finit par vous retourner. L’erreur à ce moment-là, c’est de penser que c5 est un mauvais coup. C’est la mauvaise conclusion.
Comme McLean, pensez à l’hypothèse derrière chacun de vos choix. Pensez à la vue d’ensemble. Pensez globalement.
Vous pouvez optimiser votre moteur tant que vous voulez, si vous n’avez pas de volant, vous n’irez pas loin. Si vous ramenez 100.000 visiteurs sur votre site chaque mois, mais que vous n’en convertissez aucun, n’essayez pas d’en ramener 200.000. Améliorez votre taux de conversion.
Focalisez-vous sur les activités qui ont le plus de leverage.
Ça ne veut pas dire que penser globalement est toujours la solution. Vous devez être capable de switcher entre les deux modes. Si vous gardez la tête dans le guidon, vous ne verrez pas le chemin. Mais si vous ne vous installez jamais au volant, vous resterez sur place.
McLean a pu révolutionné notre façon de faire du business aujourd’hui parce qu’il a passé 20 ans sur le terrain à transporter des caisses. À mettre les mains dans le cambouis.
Les nuages et la boue
Gary Vaynerchuk – GaryVee pour les intimes – est un entrepreneur/auteur/motivational speaker américain qui a un concept que j’aime beaucoup. Les nuages et la boue.
La boue, c’est la réalité du terrain. La pratique. Impossible d’y échapper. Vous devez connaître votre produit de A à Z, vous devez tout savoir sur vos clients, sur vos process, sur vos employés. Know your craft.
Les nuages, c’est votre raison d’être, votre vision, au niveau le plus fondamental possible. Le fameux why.
Passez votre temps à jongler entre les deux modes, mais ne vous arrêtez jamais au milieu. Jonglez entre la vision, la stratégie d’ensemble, et la réalité du terrain. Macro ou micro. Stratégie ou tactiques. Le reste n’est que littérature.
Toujours la tête dans les nuages ou les mains dans le cambouis.