Travailler moins pour gagner plus

Marcher-augmente-créativité

Tout le monde est déjà revenu de vacances en disant :

Maintenant que j’ai eu du temps pour réfléchir, j’ai réalisé que…
Ces quelques jours de repos m’ont fait penser que…
Pendant que j’étais en vacances, j’ai eu cette super idée…

Beaucoup de gens ont leurs meilleures idées quand ils ne sont pas au boulot, quand ils sont libres de réfléchir. On prend des vacances deux fois par an sans réaliser que ce temps passé à réfléchir est essentiel pour de nombreux jobs, et que la semaine classique ne laisse pas beaucoup de temps pour ça.

Prendre son temps pour aller plus vite

Tous les jobs ne demandent pas de la créativité ou un esprit critique. Mais pour ceux dont c’est le cas, tout devient plus facile quand vous avez du temps libre. Du temps passé en dehors du bureau qui vous aide à aborder les plus gros problèmes au boulot.

C’est difficile parce qu’on a cette idée fixe qu’une journée normale, c’est passer 8h derrière son bureau sans interruption. Dites à votre boss que vous avez trouvé une astuce pour être plus créatif et plus productif, et il vous dira de foncer. Dites-lui que votre astuce est d’aller vous promener 1h30 dehors en pleine journée, et il refusera direct.

Les gens ne prennent plus le temps de réfléchir alors que c’est leur justement leur job de prendre des décisions.

La meilleure façon de faire la différence, c’est de prendre du temps pour considérer les questions fondamentales. C’est crucial pour tous ceux dont le travail nécessite de la stratégie, de l’analyse, de la créativité, de l’innovation, du management ; en bref, tout ce qui n’est pas répétitif.

Ces questions fondamentales ne peuvent pas être abordées au boulot parce que la créativité et l’esprit critique demandent une attention totale. Ce qui n’arrive jamais pendant les 40 heures passées au bureau. À aller en réunion. À envoyer un mail. À aller en réunion. À remplir un Excel. À aller en réunion.

Travailler moins pour travailler mieux

Le secret de la recherche est d’être toujours légèrement sous-employé. Vous gaspillerez des années si vous n’êtes pas capable de gaspiller quelques heures. (Amos Tversky)

Steve Jobs était connu pour avoir ses conversations les plus importantes en marchant. Quand on lui demande quel était le secret de Warren Buffett, Charlie Munger répond qu’il « passe la moitié de son temps assis sur une chaise à lire. Il a énormément de temps pour réfléchir. »

Albert Einstein le décrit de la manière suivante :

Je prends le temps d’aller marcher longuement sur la plage pour pouvoir écouter ce qui se passe dans ma tête. Si mon travail n’avance pas, je m’allonge au milieu de la journée et contemple le plafond pendant que j’écoute et que je visualise mon imagination.

Même chose pour Mozart :

Quand je voyage dans une calèche, que je marche après un bon repas ou pendant la nuit quand je n’arrive pas à dormir : c’est là que les idées me viennent le plus.

Ça va dans le sens d’une étude de Stanford qui montre que marcher peut augmenter la créativité jusqu’à 81 %.1

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La semaine de 35h est une bonne chose si votre job est répétitif, physiquement éprouvant ou si vous êtes face aux clients. Mais pour le reste, ce n’est peut-être plus le bon modèle. Si vous « travaillez » sans arrêt, vous n’avez pas le temps de réfléchir, et vous devenez moins efficace pendant les heures passées à travailler.

Il n’y aura probablement jamais de semaine de 15 heures pour les travailleurs intellectuels.2 Généraliser n’est d’ailleurs pas la meilleure chose à faire : à vous de voir ce qui marche le mieux pour vous.

Tant que l’idée du travail bien fait sera associée à une présence physique, nous aurons du mal à imaginer qu’on peut être plus productif assis sur un canapé à réfléchir. Pourtant, les bonnes idées arrivent rarement en réunion. Elles viennent en marchant. Ou sous la douche.

Ce qui semble contre-productif à première vue est la clé pour être plus productif. Et inversement.

Maintenant, allez expliquer à votre patron que vous avez besoin de prendre un bain tous les midis.

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Notes :

1 Résultats à prendre avec des pincettes vu la taille de l’échantillon. Mais l’idée de base est là.

2 Par opposition au travailleur physique, à défaut d’avoir une meilleur expression. Aucune connotation négative n’est sous-entendue ici.